The End / Zep

Et si la
Terre décidait de se débarrasser des humains, trop encombrants, trop
violents à son égard ? Ce scenario catastrophe, maintes fois
traité en fiction et particulièrement en bande dessinée, nous est
proposé ici par Zep, qui poursuit chez Rue de Sèvres un travail
graphique totalement différent de ce qu’on connaît le mieux de lui
(Titeuf).
Il imagine ici un groupe de
chercheurs travaillant à l’écoute des arbres dans la réserve de Dokslä,
en Suède, autour du professeur Fawley, fan des Doors et tenant d’une
thèse dérangeante : les arbres, on le sait, communiquent entre
eux. En étudiant leurs échanges chimiques, on peut retracer l’histoire
de leur environnement. Pour le professeur Fawley, l’étude de l’ADN des
arbres peut ainsi permettre d’en savoir plus sur l’histoire de notre
planète, et pourrait même nous permettre de la retracer depuis les
origines. Mais les arbres sont capables d’effacer des parties de leur
ADN en cas d’agression extérieure. Et depuis qu’ils les fréquentent,
ils ont bien intégré que les humains représentaient une agression
extérieure. Aucun homme ne peut donc lire l’ADN complet des arbres,
sauf cas exceptionnel, quand on retrouve une feuille conservée dans la
glace, perdue par un arbre qui vivait avant l’apparition des hommes… ou
quand on peut mettre la main sur une branche cassée par la foudre,
l’arbre n’ayant pas eu le temps d’effacer son ADN avant l’arrivée des
scientifiques.
L’équipe de Fawley, qui suspecte
depuis longtemps que les arbres seraient responsables de l’exctinction
des dinosaures, il y a 66 millions d’années, vient de découvrir qu’une
deuxième exctinction est prévue pour très bientôt, celle des êtres
humains…
Ce qu’on sait aujourd’hui des arbres
est plutôt cohérent avec ce récit d’anticipation, traité par planches
monochromes, et qui laisse finalement place à un espoir raisonnable.
Traits et descriptions psychologiques sont résolument réalistes, mais
rendus avec douceur. On s’identifie facilement aux personnages et à
leur quête qui nous concerne tous. Le récit pose une réflexion et une
hypothèse sur la place de l’humanité dans le système planétaire, à
l’heure où il n’est plus possible d’ignorer que l’homme est capable de
se détruire lui-même, bien plus que détruire la Terre qui n’a pas
besoin de lui… Une lecture plaisante et utile, à proposer dès la 4e-3e,
au lycée et LP.
Références :
The End / Zep. Rue de Sèvres, 2018. 19 €. 978-2-36981-605-8.