Sinbad, 3. Les ombres du harem / Christophe Arleston, Pierre Alary



    Sinbad poursuit sa quête identitaire guidée par la magie : au cours du tome précédent, aidé d'Azna qui lui sauve la vie par amour, il remporte le concours de lancer de couteau organisé par le khalife Al-a-Din. Cette victoire ne fait pourtant pas avancer sa quête : il voulait profiter de ce que la récompense promise était de voir un de ses vœux exaucés par le Djinn, mais la réponse apportée par la vile créature est trop perverse pour éclairer Sinbad, qui lui a demandé de lui montrer ses parents...
    Si Sinbad n'a pas tiré profit du concours bien qu'il l'ait remporté, il n'en n'est pas de même de la retorse Turabah, qui a saisi l'occasion de prendre l'ascendant sur Al-a-Din en devenant la nouvelle maîtresse du génie de la lampe. Le khalife asservi, la magicienne n'a plus qu'à mettre la main sur Sinbad pour parvenir enfin à recomposer l'élixir qui lui permettra de changer pour l'éternité son corps de petite fille contre une silhouette de jeune femme. Mais notre héros n'a pas l'intention de se laisser faire, et il se cherche un nouvel allié en la personne d'Ali Baba. Quitte à se grimer en coiffeur pour dames afin de pénétrer dans le harem : Ali Baba, en échange de son aide, exige les cheveux de la favorite du khalife. Avec le soutien de la fidèle Azna, toujours prête à dévorer le quidam pour aider son amour, et changeant à propos d'apparence, tantôt femme, tantôt panthère au gré des besoins du moment. Ali Baba consent à livrer quelques éléments à Sinbad, notamment l'identité de sa mère, Daïna, favorite du khalife, et le fait qu'elle soit morte quelques années après avoir dû abandonner son enfant (rappelons que le khalife n'avait plus cessé de pourchasser ses enfants à partir du moment où une prophétie lui annonça qu'un de ses fils était destiné à le tuer...) Mais le félon Ali Baba, n'écoutant que son intérêt, n'hésite pas à livrer Sinbad et Azna aux gardes du Palais parce que leur tête est mise à prix. Sinbad parviendra-t-il à retrouver son père ? Turabah obtiendra-t-elle, pour l'éternité, le corps qu'elle a choisi ? Al-a-Din retrouvera-t-il le contrôle de son royaume ? Ali Baba mettra-t-il la main sur le trésor du Palais ? Azna parviendra-t-elle à se faire aimer de Sinbad ? Le Djinn cessera-t-il de dévorer les plus belles femmes du harem ?
    Ce troisième tome répond à toutes ces questions, avec toujours autant d'humour et de richesse graphique. Les outrances assumées (dont les combats entre Sinbad et Kaspar, qui lui a gardé rancune depuis le jour où Sinbad lui a fiché dans l'épaule un sabre qui n'en n'est jamais ressorti) côtoient les effets les plus fantaisistes de la magie et un second degré de bon aloi : Sinbad et Al-a-Din, au moment de leur rencontre, décident de s'allier pour lutter contre Turabah, parce que « c'est important de faire des choses entre père et fils... »

    Chatoyant, drôle et même (mais si, mais si, à certains moments !) émouvant, ce troisième tome clôt en beauté la trilogie. Bagdad l'ensorceleuse confirme son charme, et le plaisir de voir l'intrigue menée à son terme se conjugue à la jubilation d'entrer dans une histoire où tout est possible, des grosses bagarres sanguinolentes à la fantaisie la plus débridée. Une trilogie de grande qualité, qui a toute sa place dans les CDI de collège comme de LP et lycée.


Références :
Sinbad, 3. Les Ombres du Harem / Christophe Arleston, Pierre Alary. Soleil, 2010. 978-2-30201-125-0. 13,50 €.