Le Serpent et la Lance, acte 1. Ombre-montagne / Hub

  Après le long cycle d’Okko, Hub a ressenti le besoin de changer d’univers... tout en restant dans un contexte fort. Nous quittons donc le Japon pour une plongée dans l’Empire Aztèque, le “Monde unique”, ébranlé dans le milieu des années 1450 par une terrible famine. La civilisation pré-colombienne, avec tous ses fastueux palais et sa puissante Tenochtitlán, cité lacustre gagnée sur les marécages, tremble devant la sécheresse que des dizaines de sacrifices humains ne parviennent pas enrayer. Elle vacille également face à un autre ennemi invisible, qui dépose des jeunes filles momifiées sur une ligne qui se resserre vers la cité impériale. Face à la menace, les autorités dépêchent un bataillon d’enquêteurs dirigés par le cruel Serpent, homme sans scrupules au crâne difforme. Il parcourt l’Empire, à la recherche des témoins (à éliminer) et des preuves (à rassembler discrètement). Un autre homme est également chargé d’enquêter : Œil-Lance, habile marchand affecté d’un mal étrange qui le met en proie à de terrible cauchemars et des visions lancinantes, a été missionné lui aussi, par le puissant Cozatl, prêtre d’un ordre qui pratique la momification des jeunes filles, inquiet à l’idée que son culte soit mis en accusation.

Or, Serpent, Œil-Lance, Cozatl et plusieurs autres protagonistes de la série se connaissent très bien, pour avoir tous été les élèves d’un maître sévère et droit : Ombre-Montagne. Par quel mystère les anciens condisciples sont-ils aujourd’hui réunis ? Quels secrets planent autour de leur ancien maître et de leur apprentissage commun ? Ce qui est sûr, c’est qu’aucun d’entre eux ne semble ravi de renouer avec son passé, et que la menace qui rôde paraît cruelle...

Cette nouvelle série nous plonge dans un Empire Aztèque plein de bruits et de fureur, empli de couleurs et, on le devine, de goûts, d’odeurs... Hub a voulu créer un thriller, ce qui implique une exposition soignée, qui peut paraître un peu longue, et de fréquents allers-retours entre présent et passé (avertir les jeunes lecteurs qui pourraient être déroutés par tous ces flash-backs). La lecture est loin d’être paisible, car le dessin, toujours aussi virtuose, se teinte brutalement de couleurs ternes ou sombres suivant les ambiances dans lesquelles choisit de nous plonger l’auteur... On peut se laisser porter par le rythme dense du récit, mais il faudra faire un petit effort pour mémoriser qui est qui, et finalement se représenter clairement quelles sont les forces en présence. Les deux tomes suivants (il s’agira d’une trilogie) apporteront sans doute des réponses aux multiples questions que soulève ce premier tome. Une série de qualité, pour les meilleurs lecteurs en collège et pour les lycéens (LP et lycée).