Un regard par-dessus l'épaule / Pierre Paquet, Tony Sandoval

Pepe a onze
ans. En vrai, il s'appelle Pepeto, mais il préfère son diminutif à son
prénom. C'est un garçon ordinaire, qui pense à la prochaine bêtise
qu'il pourrait faire, comme par exemple acheter des pétards dans la
boutique de farces et attrapes sur le chemin de l'école, même si la
vieille vendeuse le regarde d'un air soupçonneux, parce qu'il n'a pas
l'âge. Pourtant sa vie bascule quand en rentrant à la maison, il se
retrouve aspiré dans les murs du salon par la petite statue de la
Vierge de Montserrat. Le voici prisonnier de sa maison, dans un univers
surréaliste où il va tourner en rond, du désespoir à la colère,
toujours seul malgré les rencontres étranges qui jalonnent son
parcours. Brisant les murs, il passe d'un couloir sombre à un champ de
fleur où pleure un homme, d'un quai de gare sur lequel une femme attend
de retrouver le sens de sa vie au fond d'une fontaine où jouent des
esprits. De rencontre en méditation, il explore les méandres de
l'amour, le sens de la vie, les raisons de la souffrance. Il rencontre
tant d'adultes incompréhensibles, en qui on ne peut placer sa
confiance...
Quand on commence à se dire que cet
empilage de scénettes surréalistes ne mène à rien, est fabriquée pour
le plaisir de gratter du papier, surgit l'explication qu'on n'attendait
plus :
« J'ai onze ans. Je m'appelle Pepeto. Je viens de
décider de vivre. Je regarde cette table en verre devant moi. Je
renonce à me jeter dessus la tête la première. Vivre ou mourir... Je
viens de prendre ma décision. J'ai onze ans et plus rien ne sera comme
avant... Je suis devenu un homme sans vraiment le vouloir. » Pepe
vient de perdre son père, et on relit d'un œil différent ce qu'on avait
pris, tout au long du chemin, pour des aphorismes sans objet :
« il faut admettre l'évidence... vous êtes seul au monde ».
« Parfois, face à l'inexplicable, on perd sa force et sa voix
comme dans un cauchemar ».
J'avoue, j'ai eu
du mal à entrer dans cet album. La quête labyrinthique m'a semblé au
premier abord complètement vaine, même si l'univers convoqué, très
hispanique, correspondait visuellement bien à la quête de Pepe. Un
trait souvent proche de la caricature, une mise en pages éclatée et des
couleurs plutôt soignées me paraissaient être les seuls atouts de
l'album. Mais son épilogue expliquant le reste, m'a fait trouver
intéressante cette quête de sens d'un petit garçon confronté à
l'inexplicable. Une bande dessinée très originale, à proposer à des
lecteurs aguerris en quête de nouvelles sensations de lecture. Pour le
LP et le lycée.
Références :
Un regard par-dessus l'épaule / Pierre Paquet, Tony Sandoval. Paquet, 2016. (Calamar). 18 €. 978-2-88890-712-1.