Panique en Atlantique / Lewis Trondheim, Fabrice Parme, Véronique Dreher



    Beaucoup de bandes dessinées asiatiques ou largement inspirées du manga ces temps-ci ! Opérons un petit retour aux fondamentaux de la bande dessinée franco-belge avec un nouvel opus des aventures de Spirou et Fantasio. Elles sont signées cette fois-ci de deux grands noms de la BD d'humour pour les enfants (et ceux qui ont su le rester), Lewis Trondheim et Fabrice Parme, qui ont déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises.
    Panique en Atlantique délaisse bien vite le Moustic Hôtel, dont Spirou manque de se faire renvoyer suite aux plaintes d'une cliente acariâtre. En deux planches, la vénérable institution est reprise par le Consortium Luxe et Loisirs, qui entreprend de restructurer et de redéployer les effectifs : voilà Spirou embauché sur le « Roi des Mers », paquebot ultra luxe du groupe, qui appareille pour les Caraïbes. Le temps d'emballer quelques affaires, il confie Spip à Fantasio (les écureuils ne sont pas les bienvenus dans les cabines de l'équipage). Peine perdue, Fantasio, lancé dans la course au scoop aux trousses de la belle Marinella Cabotini, se fera embarquer « malgré lui » (?) sur le paquebot, avec Spip... Entre les montagnes de bagages et les exigences contradictoires des passagers nantis qu'emmène le « Roi des Mers », Spirou n'avait pas besoin de ça ! Il faudra pourtant qu'il s'en accommode, car le bateau a largué les amarres, et que, comme dans toute aventure de nos amis, ils vont bientôt avoir à faire face à une situation délicate dont personne d'autre ne pourra les sortir.
    Il faut dire que le navire a embarqué parmi ses passagers le comte de Champignac, chargé par la compagnie d'assurance de Luxe et Loisirs de tester sur ses deux paquebots le système de protection spéciale mis au point par le professeur Sprtschk. Il s'agit d'un dispositif qui active, en cas de choc, un champ de force, sorte de bulle qui englobe la personne ou l'objet qu'on veut protéger. Cette bulle ultra-résistante ayant absorbé le choc, il n'y a plus qu'à désactiver le champ de force... Les assureurs ont équipé leurs deux paquebots de luxe de ce système pour éviter toute collision, notamment avec des icebergs. Ils ont pourtant perdu le contact avec le premier navire et le professeur Sprtschk. Champignac est chargé des tests qui doivent déterminer quelle part de  responsabilité a pu avoir ce système dans la disparition du premier paquebot... Elle est évidente, mais il la découvre un peu trop tard, après que le « Roi des Mers » a suivi le même chemin que son homologue : le champ de force protège des chocs, certes, mais il ne flotte pas. Voilà donc nos héros, avec tous les passagers, l'équipage et le bateau, coincés dans une bulle au fond de l'océan, à quelques encablures du premier navire...

    Qu'on se rassure, encore une fois, la sagacité de Spirou, la créativité de Champignac et l'inconscience de Fantasio feront merveille pour tirer tout le monde de ce mauvais pas ! Le trait de Parme et l'esprit de Trondheim, tous deux faussement enfantins, sont particulièrement bien adaptés à Spirou et Fantasio, dont un des ressorts est le jeu avec les codes traditionnels de la série. Les auteurs ont misé sur le respect de ces codes, pour un album moins fort que n'a pu l'être Le groom vert-de-gris, mais très plaisant. Pour les jeunes lecteurs dès le début du collège, en LP et en lycée, et bien au-delà !


Références :
Panique en Atlantique / Lewis Trondheim, Fabrice Parme, Véronique Dreher. Dupuis, 2010. (Spirou et Fantasio). 13,95 €. 978-2-8001-4738-3.