Pain d'alouette, première époque / Christian Lax
Avec L'Aigle sans orteils,
Christian Lax a laissé dans un premier récit transparaître toute sa
passion pour le cyclisme et les héros des courses mythiques des années
1910. Pain d'alouette
peut se lire indépendamment ou comme une suite de l'aventure d'Amédée
Fario, l'homme qui s'alignait au départ du Tour de France quoique
amputé de tous ses orteils suite à un accident de montagne. Dans L'Aigle sans orteils,
Amédée nouait une belle histoire d'amour avec Adeline avant de
disparaître dans la boue des tranchées. De cette histoire naissait, on
l'apprend dans cet opus, une petite fille nommée Reine dont la mère
tenta de s'occuper seule avant de mourir prématurément. Amédée avait
aussi noué une belle histoire de filiale amitié avec Camille Peyroulet,
le généreux responsable de l'observatoire astronomique qu'il avait
contribué à construire. Toujours engagé, Camille se lance à la
recherche de la petite fille, qui végète dans un orphelinat où on se
préoccupe plus d'édifier le patriotisme des enfants que de veiller à
leur bien-être. Il forme le projet d'adopter la petite, mais se heurte
très vite aux rebuffades d'une administration qui voit d'un fort
mauvais œil ses articles ouvertement pacifistes. Il est classé
« infréquentable » pour avoir défendu le projet d'un monument
aux morts de la Grande Guerre résolument antimilitariste... On adhère
pourtant à son engagement, en particulier à la lecture des premières
scènes de course cycliste, quand en 1919 les coureurs traversent, au
long du Paris-Roubaix, le paysage dévasté de la Picardie... En regard
de ces kilomètres de désolation, l'album suit également le quotidien
d'une famille de mineurs dont un oncle, ancien coureur, est revenu
invalide de la guerre, et dont un neveu partage la passion pour la
petite reine. La peur, la sueur, les coups de pédale et les coups de
trique rythment les planches d'un album encore plus emprunt de l'amour
du vélo que le précédent. La pâte humaine est bien présente, donnant
son sel à l'histoire. Le trait sensible également, finement servi comme
à son habitude par des couleurs subtilement aquarellées. On reste
néanmoins un peu au bord de la route quand on n'est pas un mordu de
cyclisme. Les explications peuvent alors paraître à la fois un peu
longues et trop appuyées, et le lien entre l'intrigue et le vélo un peu
ténu. On adhérait plus volontiers dans L'Aigle sans orteils, qui prenait le coureur pour personnage principal.
Reste une histoire de bonne tenue, des
ambiances plutôt réussies, quelques personnages attachants ou
marquants, et une transcription assez fidèle de l'époque. Un album qui
pourra plaire aux amateurs de récits historiques ainsi surtout qu'aux
passionnés de cyclisme, pour les lycéens.
Références :
Pain d'alouette, première époque / Christian Lax. Futuropolis, 2009. 978-2-7548-0306-9. 16 €.