Nymphéas noirs / Frédéric Duval, Didier Cassegrain, d’après le roman de Michel Bussi


Couverture de l'album
    « Trois femmes vivaient dans un village. L’une était méchante… la deuxième était menteuse… la troisième était égoïste. Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny. »
    Du roman justement salué de Michel Bussi, Frédéric Duval et Didier Cassegrain ont tiré un album formidable, qui nous plonge en plein coeur de ce village pétrifié pour les touristes dans des couleurs faussement douces. Le regard du lecteur chemine dans ces pages comme dans des toiles de Monet, de taches de couleurs vertes et bleues en sombres révélations. Frédéric Duval a su conserver les fils soigneusement enchevêtrés de cette intrigue, qui sème quatre cadavres tout au long de l’histoire : celui d’un vieux peintre américain, celui d’un jeune garçon plein de bonté, celui d’un homme en pleine santé et celui d’un vieillard au bout du chemin… A chaque fois, une pierre, une lame et de l’eau. Y a-t-il un mobile commun à ces crimes ? Une piste à chercher dans le marché de l’art, avec cette mystérieuse fondation Robinson ? Ou bien un tableau inconnu de Monet, à la valeur inestimable, ces Nymphéas noirs dont on ignore s’ils sont une légende ou une réalité ? Un mari trompé ou un collectionneur de maîtresses ? L’inspecteur Laurenç s’y cassera les dents, passant sans le savoir bien près de la vérité.

    Ce qui est certain, c’est qu’il y a de l’amertume à Giverny, dans ce décor figé où aucune façade ne peut être repeinte sans autorisation, aucun massif modifié, « un vernis quotidien de résignation ». Et que c’est la femme, souvent, qui paye le plus lourd tribu à la résignation. Cet album est une réussite, par son talent à lier finesse de l’intrigue et subtilité d’un trait presque évanescent, aux couleurs tendres qui cachent la noirceur des sentiments. Même si, finalement, il s’agit d’une vieille histoire maintes fois répétée chez les humains. Voilà un polar à placer sans hésiter dans les bacs des CDI des lycées, pas loin du roman !


Références :
Nymphéas noirs / Frédéric Duval, Didier Cassegrain, d’après le roman de Michel Bussi. Dupuis, 2019. (Aire Libre). 28,95 €. 978-2-8001-7350-4.