Mon arbre / Séverine Gauthier, Thomas Labourot, Christian Lerolle


Couverture de l'album
    Juchée sur une colline, une maison toute en hauteur fait face à des bosquets plantés eux-mêmes sur des éminences. Une petite fille dévale la pente pour retrouver son ami, un grand, un vieux chêne ridé qui l’attend avec un bon sourire. Laurine passe de belles heures dans « son » arbre : elle lui peint un ciel sur le tronc pour qu’il ait la tête dans les nuages, il lui lit Mon bel oranger, elle arrose les rejets qui poussent à ses pieds pour les faire grandir... Jusqu’au matin où elle découvre, peinte sur son tronc, une croix rouge. D’abord, tous les deux se demandent ce que signifie ce signe peint sur tous les arbres du bosquet. Bien vite, ils sont forcés de comprendre : des hommes sont venus et ils ont marqué les arbres à abattre... « Petite pousse » a beau passer la nuit dans son arbre, elle a beau crier et se débattre, elle ne fait pas le poids face aux tronçonneuses. Il lui faut dire adieu au grand chêne, qui lui donne en cadeau un gland, en lui promettant de revenir à travers lui. Laurine plante son gland, et le regarde pousser. Les saisons passent, une petite pousse fragile sort de terre, puis prend de l’assurance. Un jour, enfin, la pousse est assez vigoureuse pour renouer le dialogue interrompu : Laurine a retrouvé son ami ! La vie poursuit son cours, mais d’autres déchirements attendent la petite fille : ses parents lui annoncent qu’ils ont décidé de déménager, et on n’emmène pas avec soi un ami qui est enraciné...

    Cette histoire toute simple se déroule au fil d’une vie entière, qui n’est rien dans le temps au regard de l’existence d’un chêne. Elle suscite l’émotion et la contemplation : ce lien d’amitié à hauteur d’enfance, placé sous les auspices de Mon bel oranger et du Petit Prince (pour l’apprivoisement) apparaît très vite fragile et délicat. On pourra le trouver un peu complaisant, ou bien se laisser porter par cette émotion à travers les chagrins et les bonheurs de cette petite fille qui savait écouter la sève monter dans le tronc d’un chêne. Le dessin, jouant volontiers des gros plans, renforce cette volonté d’empathie, tandis que la palette de couleurs conserve des tons d’enfance, des verts très doux aux roux de l’automne. On pourra trouver que les larmes perlent un peu trop souvent aux yeux un peu trop limpides de notre héroïne. Ou se laisser émouvoir par une histoire d’amitié qui fait grandir. Un récit qui s’adresse aux plus jeunes lecteurs dès l’école primaire et jusqu’au collège.


Références :
Mon arbre / Séverine Gauthier, Thomas Labourot, Christian Lerolle. Delcourt, 2008. 978-2-7560-1154-7. 8,95 €.