Moby Dick, livre second / Chabouté, d'après Herman Melville


Couverture de l'album
   La quête meurtrière du capitaine Achab se poursuit dans ce second volet de l'adaptation du roman d'Herman Melville par Chabouté. Les signes de mort ponctuent le voyage, annonçant la tragédie à venir, tandis que le capitaine s'enfonce un peu plus dans sa folie, demandant au forgeron de lui fabriquer un harpon trempé du sang des païens son équipage...

    Au large de Bonne-Espérance, le vent en tempête, pour peu qu'ils le prennent, leur permettrait de rentrer au port, à Nantucket. C'est ce dont son second tente vainement de convaincre le capitaine. Mais il est déjà trop tard pour le ramener à la raison, et faute de savoir le tuer, il n'y a plus qu'à l'accompagner sur les traces de la baleine maudite qu'il suit désormais à l'aide de son seul instinct, se balançant dans le gréement au poste de la vigie qui est tombée à l'eau. Une étincelle d'humanité l'anime parfois pourtant, quand il confie ses doutes à son second, lui interdisant de prendre part à la manœuvre qui se profile quand ils auront retrouvé Moby Dick : « ce péril ne sera pas le tien. Pas avec ce foyer lointain ! Cette famille à Nantucket que je vois au fond de tes yeux ».

    La confrontation finale est à la hauteur de la violence de la quête, et Chabouté traduit son ampleur dans ses noirs profonds et ses blancs contrastés : les assauts répétés contre le cachalot bardé de harpons et entravé des cordages des anciens assauts menés contre lui, les baleinières (barques de chasse) défoncées par ses coups, le visage fermé des marins qui, au fond, savent qu'ils vont au devant de leur propre mort. Jusqu'au désastre, lorsque l'animal acculé pulvérise le navire, entraînant par le fond le cadavre attaché sur son dos, et le capitaine Achab, solidement lié au harpon fatal qu'il a planté dans sa chair... Un seul homme flotte au milieu des débris, le narrateur Ismaël, agrippé à un cercueil.
Ce deuxième tome tient les promesses du premier, capable de nous tenir en haleine même si le dénouement est à la fois connu et évidemment prévisible. La violence contenue de son trait, les gueules marquées qu'il est capable de dessiner soutiennent sans peine la force du récit original. Une aventure humaine et un monde à découvrir, celui de la vie des marins-pêcheurs du 19e siècle, à proposer aux bons lecteurs dès la 4e-3e et à tous au lycée et LP.



Références :
Moby Dick, livre second / Chabouté, d'après Herman Melville. Glénat,Vents d'Ouest, 2014. 18,50 €. 978-2-7493-0715-2.