Jolly Jumper ne répond plus / Guillaume Bouzard
Lucky Luke a le
moral en berne. Voilà plusieurs semaines que Jolly Jumper, son fidèle
compagnon, ne lui parle plus. Ça fait une belle jambe au procureur de
Seville Gulch, qui a des soucis plus importants en tête : au fond
de son pénitencier, Jack Dalton a entamé une grève de la faim, et ne
veut parler qu’au célèbre cow-boy. Ténébreuse affaire, qui a un rapport
avec Ma Dalton, et un certain projet de mariage… Muni des bons conseils
du procureur, Lucky Luke se met en route pour le pénitencier, non sans
avoir mis en œuvre quelques aménagements qui, il l’espère, pourront lui
permettre de renouer le dialogue avec son cheval. Mais ses innovations
vestimentaires (pour casser l’habitude et mettre un peu de surprise
dans ses relations avec Jolly Jumper) ne lui facilitent pas la tâche.
Au pénitencier, ses interlocuteurs, au premier rang desquels les
Dalton, ne le reconnaissent pas dans sa nouvelle tenue – une chemise
rouge et un foulard jaune, en lieu et place de sa fameuse chemise jaune
et de son foulard rouge… Tous s’adressent à lui comme à un inconnu et
réclament à voir le véritable Lucky Luke ! Bref, cette mission est
mal engagée, d’autant qu’un coup de sang de trop a fait fuir Jolly
Jumper et que le cow-boy est arrivé à pied à la prison.
Iconoclaste, cette relecture de l’univers de Morris fonctionne
parfaitement, en introduisant une distance nourrie des codes de
l’original, confrontés à notre époque, qui a changé depuis que Morris a
créé la série (« j’avais l’impression que ça faisait 70 ans que
j’étais habillé pareil ! » confie Lucky Luke aux gardiens de
prison). De l’ouverture jusqu’à la conclusion de l’album, de nombreux
gags sont à savourer pour les adeptes du cow-boy : l’entrée dans
la ville d’un clochard hirsute à la barbe foisonnante, qui sort en
Lucky Luke de chez le barbier, son refus poli de la brindille proposée
par le procureur (« non merci, j’ai arrêté »), les Dalton
frappés de daltonisme, tous les supplices inventifs que Joe se promet
de faire subir à son ennemi juré (« je vais lui tricoter un pull
en laine », « je vais me raser dans sa baignoire »…)
Cette aventure réjouissante, qui se termine faussement bien, constitue
un joli plaisir de lecture à proposer aux fans du cow-boy autant qu’à
ceux qui ne le connaîtraient pas, dès le collège.
Références :
Jolly
Jumper ne répond plus / Guillaume Bouzard. Lucky Comics, 2017. (Les
aventures de Lucky Luke d’après Morris). 13,99 €. 978-2884-71370-2.