Jardins sucrés / Lewis Trondheim, Fabrice Parme


Jardins sucrés
    Depuis Bill Waterson et son savoureux Calvin et Hobbes, on ne compte plus les fictions mettant en scène des enfants avec leurs doudous aussi vrais que nature, des tigres se muant en dangereux félins dès que les adultes ont le dos tourné et autres animaux de compagnie plus ou moins inoffensifs... Lewis Trondheim et Fabrice Parme revisitent ce ressort comique, avec l'humour tendre qui leur est coutumier. Dans l'univers qu'ils proposent avec ce Jardins sucrés, on ne sait pas bien qui est le doudou de qui. Certes, devenus grands, les ados à mèche tentent bien par tous les moyens de se débarrasser du compagnon de leur enfance. Il n'empêche que dans le monde de Tiffany et de Dorothée, on ne sait pas qui possède qui. Ainsi, Tiffany et son panda se disputent-ils pendant des heures pour savoir qui a eu l'autre pour Noël. C'est la même chose pour tous les duos qui peuplent ce vert paradis : « Whaa ! Trop la chance d'avoir ce poney-licorne-pégase, la fille ! » « Whaa ! Trop la chance d'avoir cette jolie petite fille, le canasson... »

    En attendant de pouvoir trancher la question, les complices traversent des univers préservés : les rivières de chocolat, les montagnes de sucre glace, la forêt de sucettes... Il y a bien de ci-de là quelques empêcheurs de s'amuser en rond, comme le dentiste, qui vit dans une demeure luxueuse, ou la baby-sitter, personnage terrifiant s'il en est. Mais dans l'ensemble, la vie est plutôt agréable dans ce jardin. Pas d'obligations, à peine quelques devoirs à faire si on veut se préparer un avenir, et beaucoup de temps libre pour imaginer plein de jeux :
« On pourrait jouer à détruire des civilisations entières...
- Ah, oui... On s'infiltre, on espionne, on trouve les points faibles, on attaque là où ça fait mal ; ils négocient la paix et on récupère un impôt annuel. Super !
- Viens, Brütor ! Les filles, ça comprend rien à la vraie bagarre. »

    Comme souvent avec Lewis Trondheim et Fabrice Parme, le trait tendre et les couleurs gaies font écho à l'humour finement observateur du texte. Les deux complices nous promènent au cœur des univers enfantins avec toujours la même justesse d'observation alliée à un second degré comique. Les plus jeunes de nos lecteurs devraient apprécier, à partir de l'école primaire et jusqu'au collège.




Références :
Jardins sucrés / Lewis Trondheim, Fabrice Parme. Delcourt, 2011. (Shampooing). 978-2-7560-0849-3. 12,50 €.