Haytham : une jeunesse syrienne / Nicolas Hénin, Kyungeun Park

Haytham al-Aswad est né en 1996 en Syrie. Il avait 4 ans quand Hafez
al-Assad est mort, et son père, qui travaillait alors au Qatar, a
célébré ce décès comme un premier pas vers la libération de son pays.
Le « printemps de Damas » a été une vague d'espoir vite
refoulée, avec l'arrivée au pouvoir du fils d'Hafez, Bachar. Dès cette
époque, le père d'Haytham était un militant, il entretenait des liens
avec des opposants emprisonnés, écrivait des pamphlets... malgré la
vigilance des Moukhabarat, les services de renseignement qui
contrôlaient la population en permanence, arrêtant, torturant, faisant
disparaître les potentiels gêneurs. Puis on lui a interdit d'enseigner,
et la police l'a convoqué régulièrement. En 2011, après la chute du
régime de Ben Ali en Tunisie, la situation s'est durcie en Syrie, les
gens ont commencé à croire que la révolution était possible aussi dans
leur pays. Il a suffit que les autorités arrêtent quinze écoliers qui
avaient tagué des slogans inspirés des rues de Tunis ou du Caire, pour
que Deraa se soulève. Ayman al-Aswad est le premier à rendre compte de
ce qui se passe dans les rues en téléphonant depuis la manifestation à
un opposant au régime. Ensuite, les grandes chaînes l’appellent pour
connaître la situation sur place : le père d'Haytham, en même
temps qu'un opposant reconnu, devient un ennemi du régime. La situation
se tend à un point tel qu'il doit entrer dans la clandestinité, puis
quitter le pays. Heureusement, alors que le siège de Deraa par les
autorités syriennes commence, des réseaux d'aide solides permettent à
Ayman, dans un premier temps, puis à sa famille, de passer en Jordanie
et de gagner la France par avion.
Les premiers temps sont difficiles pour la famille qui doit s'entasser
dans une chambre de Cité U, affronter les méandres de l'administration
et tâcher de subsister au quotidien. Haytham raconte ce parcours avec
un certain recul, reconnaissant envers tous ceux qui l'ont aidé, et
conscient de l'injustice qui a été faite à sa famille et à son peuple.
Il en témoigne comme le jeune garçon qu'il est encore, avec
spontanéité. Sa parole nous permet d'entrer un peu mieux dans la
compréhension de ce que vivent les syriens, et de l'histoire
douloureuse de ces dernières années. C'est un témoignage utile, à
proposer aux élèves de lycées.
Références :
Haytham : une jeunesse syrienne / Nicolas Hénin, Kyungeun Park. Dargaud, 2016. 17,95 € . 978-2205-07590-8.