Gung Ho, 1. Brebis galeuses / Benjamin von Eckartsberg, Thomy von Kummant

« Gung
Ho est un cri que l'on pousse pour se donner du courage, pour montrer
que l'on n'a peur de rien. Son origine viendrait des soldats américains
qui l'utilisaient lors de la Seconde Guerre mondiale. Par extension, ce
cri désigne une tête brûlée, une personne téméraire. »
Tête
brûlée, c'est bien ce que semblent être Archibald et Zacharias, deux
frères transférés de l'orphelinat municipal vers la colonie numéro 16,
administrée par Ava Kingsten. Dans une Europe dévastée par on ne sait
quel moderne cataclysme, les communautés humaines doivent faire face à
une terrible menace, que l'on découvre progressivement au cours de
l'album. Les Rippers, sortes de singes aux gueules bardées de dents
dégoulinantes, constituent un danger mortel dont les hommes tâchent de
se protéger par la fortification de leurs villes, par des cours
intensifs de maniement d'armes à feu dès le plus jeune âge, et par des
consignes très strictes à suivre en cas d'attaque. Chacun a alors le
devoir de se retrancher sur les toits, qui sont spécialement équipés
pour attendre la fin de l'assaut, tandis que les adultes combattent. De
telles communautés vivent selon des règles très strictes, et la moindre
prise de risque individuelle est une mise en danger de tous. La colonie
n°16 est un poste avancé, particulièrement exposé, dans lequel le
respect des consignes est encore plus crucial qu'ailleurs, si c'est
possible...
Or Zacharias, et surtout Archibald,
semblent avoir traversé suffisamment d'épreuves pour ne plus jamais
avoir peur d'un règlement. Leurs parents les ont trimbalés à travers la
moitié de l'Europe, pour une raison qui n'est pas expliquée, avant
d'être déchiquetés par des Rippers au pied du mur d'enceinte d'une
ville dans laquelle les enfants ont été recueillis. Zacharias, qui
avait huit ans à l'époque, en garde la trace visible sur le visage...
Ils ne sont pas des anges. Mais les habitants de la colonie non plus...
Cette série de science-fiction aborde des thèmes difficiles (drogue,
abus sexuels) et recèle une violence prête à se déchaîner (la menace
extérieure, ou les conflits intérieurs). Mais cette violence n'est pas
gratuite, elle est un élément d'une histoire qui tient en haleine dès
le premier tome. En attendant de savoir si les suivants (5 tomes
prévus) tiendront les promesses de celui-ci, on peut savourer la
puissance graphique de sa mise en images, la profondeur et la richesse
de ses ambiances lumineuses. Une série à surveiller, pour les plus
grands (LP et lycée).
Références :
Gung Ho, 1. Brebis galeuses / Benjamin von Eckartsberg, Thomy von Kummant. Paquet, 2013. 978-2-88890-567-7. 15 €.