L’enfant océan / Maxe L’Hermenier, Stedho, d’après le roman de Jean-Claude Mourlevat

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    Le roman de Jean-Claude Mourlevat est devenu un classique de la littérature jeunesse, parfois adopté en série par les collègues de lettres pour leurs lectures cursives. A juste titre, car cette histoire est de celles qui vous restent dans la tête longtemps après que le livre soit refermé. Petit Poucet moderne, Yann a trois paires de frères aînés, tous jumeaux. La vie n’est pas toujours simple dans cette famille où la mère exténuée supporte les colères du père, tous deux déroutés par cet enfant différent qui veut apprendre, alors qu’ils n’ont mis leurs fils à l’école que pour toucher les allocations… Une nuit, Yann entend (du moins c’est ce qu’il explique par gestes à ses frères) son père menacer de les tuer. Il convainc ses aînés de fuir, dans ce qui va se transformer en une longue marche vers l’océan. Yann ne parle pas, mais la fratrie se comprend très bien, et surtout a très vite perçu qu’il valait mieux suivre les intuitions du petit. S’il faut descendre du camion qui les a pris en stop, descendons. Si on peut tenter le coup de prendre le train pour raccourcir un peu le trajet, tentons… Comme dans un conte, les difficultés cèdent parfois de manière étonnante, comme ces maisons inoccupées dans lesquelles le petit s’introduit par la chatière ou par la cheminée. Tous sont portés par la confiance qu’ils accordent sans restriction à leur frère. Et s’il veut aller voir l’océan, alors tous iront voir l’océan !

    Le surnaturel niché dans le quotidien le plus prosaïque est bien rendu dans cette adaptation, qui transmet de manière très juste l’humanisme qui imprègne tous les romans de Jean-Claude Mourlevat. La fratrie, qu’on dirait sortie de la guerre des boutons, reste soudée jusqu’au bout de l’aventure. Les têtes rousses aux oreilles décollées composent une troupe tendre et bancale dont on suit les aventures avec intérêt, même quand on a déjà lu le livre. Les trognes des adultes leur font écho, composant un cadre réaliste dans lequel la monstruosité n’est jamais très loin. L’adaptation est efficace et donne une nouvelle visibilité à ce roman qui transposait le Petit Poucet il y a déjà plus de vingt ans. A proposer sans hésitation aux collégiens.



Références :
L’enfant océan / Maxe L’Hermenier, Stedho, d’après le roman de Jean-Claude Mourlevat. Jungle, 2020. (Pépites). 978-2-822-23005-6. 14,95 €.