Le dernier Atlas, 1 / Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Tanquerelle, Blanchard, Laurence Croix


Couverture de l'album

    Et si Batna n’avait pas été la ville qui a vu le déclenchement de la guerre d’Algérie en 1954, mais le théâtre d’une catastrophe nucléaire en 1976 ? Dans le premier tome de cette histoire récompensée par le prix René Goscinny du scénario (Festival d’Angoulême 2020), les auteurs imaginent une uchronie parfaitement plausible, et dévoilée petit à petit à travers les soubresauts d’une guerre des gangs. Ismaël Tayeb s’occupe pour son patron d’un réseau de machines à sous assorti de diverses autres activités illégales (racket, prêt avec intérêts, trafic de drogue…) Mêlé à d’autres histoires, il se retrouve débauché par un caïd mégalomane à la tête d’un gros réseau en Algérie : armes et cocaïne à destination d’un groupuscule de « narco-djihadistes » à la frontière avec le Mali. Nous sommes en 2018, et l’Algérie est toujours une colonie française. De Gaulle a lâché l’Indochine pour préserver ses intérêts au Maghreb, en particulier les gisements de pétrole, qui ont été exploités à l’aide de gigantesques robots, les Atlas, dont le dernier modèle, le 4, fonctionne avec un réacteur nucléaire. Depuis 1976 cependant, les Atlas ont été mis à la casse, à la suite de la tristement célèbre « catastrophe de Batna » (accident nucléaire impliquant un des robots).

    Pour répondre à la commande des djihadistes, qui lui réclament des matériaux radioactifs, Ismaël imagine un pari inversé : se rendre en Inde où il est entreposé, avec l’aide (contrainte) d’anciens techniciens et d’un réseau mafieux local, pour faire redémarrer le dernier Atlas et le ramener en Algérie. A moins qu’il n’ait en réalité imaginé quelque chose de beaucoup plus déraisonnable… En effet, des phénomènes étranges se sont produits depuis quelques temps dans le désert algérien : des oiseaux migrateurs se sont rassemblés, des mouvements géologiques suspects ont été observés. Ismaël, qui était présent, a vu quelque chose là-bas, qui l’a fortement impressionné. Et depuis peu le phénomène s’est emballé : un « UMO » (Unknown Moving Object) est sorti de terre et s’est mis en marche. Atas ultime issu d’une civilisation plus avancée, ou des expérimentations nucléaires des Français ? Il semblerait que le projet conçu par Ismaël de redonner vie au dernier Atlas ait un rapport direct avec cet UMO.

    La compréhension de ce scénario habilement tissé nécessite quelques connaissances sur l’histoire de la France au 20e siècle, notamment son histoire coloniale. Son rythme, l’épaisseur des personnages et la touche de science-fiction qui le composent le rendent néanmoins accessible dès le collège, même si ce sont les lycéens (LP et lycée), qui l’apprécieront certainement le mieux. Son dessin et sa mise en couleurs réalistes collent à l’ambiance et ajoutent à l’efficacité d’un scénario justement récompensé, qui ouvre bien des pistes en attendant la suite (trois tomes) !



Références :
Le dernier Atlas, 1 / Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Tanquerelle, Blanchard, Laurence Croix. Dupuis, 2019. 978-2-8001-7116-6. 25,95 €.