Les cerisiers fleurissent

    « Chaque année, les cerisiers sont en fleur... Malgré nos problèmes, notre tristesse, notre douleur, les fleurs de cerisier me paraissent toujours aussi incroyablement belles... Elles ne durent que quelques semaines, mais promettent de revenir chaque année. Elles fleurissent, puis disparaissent, encore et encore... tel un courant qui porterait nos vies, nos vies si éphémères... Nous sommes nés sur cette Terre et nous mourrons un jour. Mais d'autres vies viendront après nous... »

    La catastrophe de Fukushima, en mars 2011, n'a pas été vécue seulement par les Japonais sur place. Elle a aussi touché les expatriés, telle Itsuko, mariée à un auteur de BD italien et vivant en Italie. Quand Keiko Ichiguchi a commencé ce manga, elle travaillait sur l'écriture de ses souvenirs d'enfance, mais le tremblement de terre, le tsunami puis l'accident nucléaire ont bouleversé son quotidien. L'histoire qu'elle nous livre ici tisse ces souvenirs et le vécu qu'elle a de la catastrophe avec ses liens actuels à son pays d'origine. Ainsi, Itsuko, passé les premiers moments de sidération, est-elle profondément convaincue que sa place est là-bas, auprès des gens qu'elle aime, alors même que le pays étrangers rapatrient leurs ressortissants. Il faut dire qu'à Osaka, outre les parents d'Itsuko, vit son ancienne maîtresse d'école, à qui elle a promis de revenir au printemps pour la floraison des cerisiers. Cette fête incontournable au Japon est un moment de partage avec celle qui l'a autrefois conduite vers la vie, alors qu'enfant fragile, malade, elle était persuadée qu'elle allait mourir bientôt. Passant des heures sur internet, Itusko tente de savoir ce qui se passe réellement dans son pays, entre les imprécisions des médias occidentaux et les silences des autorités japonaises. Autour d'elle, chacun a un avis sur ce qu'il convient de faire, mais Itsuko a fait la promesse de revenir au printemps à madame Tada, et elle ne veut pas être lâche. Elle fait le voyage, malgré les craintes et les mises en garde, accompagnée de son mari.
    Ecrit en italien, ce manga recèle des images fortes, comme celle de la vague meurtrière, ou poétiques, poudrées de fleurs de cerisiers. Elle s'adresse à de bons lecteurs, mais reste accessible dès la 4e-3e, pour proposer une vision de cet événement majeur de notre histoire récente.

Les cerisiers fleurissent malgré tout / Keiko Ichiguchi