La colère de Fantômas, 1. Les Bois de justice / Olivier Bocquet, Julie Rocheleau

Couverture de l'album
   « Et maintenant, fini de rire. »

Parce que, pour eux, Fantômas est le premier super-héros de l'histoire, avant Superman et avant Batman, parce que « tous les hommes et femmes masqués qui éclaboussent les cases des comics américains et les écrans de cinéma sont ses enfants illégitimes », Olivier Bocquet a choisi de le faire revivre avec la complicité de Julie Rocheleau. Il est toujours aussi assoiffé de sang...

    On l'a cru passé sous les bois de justice (la Guillotine) pour avoir embroché un témoin lors du procès dont il était l'accusé. C'est ce qu'a écrit Jérôme Fandor, rédacteur en chef adjoint à « La Capitale », dont la mère a été assassinée par Fantômas quand il avait dix ans. Mais l'homme au loup est de retour, bien décidé à se venger, de tout et de tous. De ceux des bas-fonds qui lui ont volé son or, du juge qui l'a condamné, des magistrats, des politiciens, des bourgeois, des flics... « ceux qui ont eu l'arrogance de me juger... ceux qui ont eu l'inconscience de m'enfermer... » Il est bien décidé à pousser plus loin que la simple vengeance, et à relancer ses hommes sur un nouveau projet : voler tout l'or de Paris !
Pendant ce temps, la police court toujours, renforçant la surveillance là où le bandit ne se montrera pas, tâchant de trier les archives Fantômas et de discipliner l'inspecteur Juve, qui suit son idée et son meilleur ennemi. Jusqu'où la colère de Fantômas ira-t-elle ? Quels méfaits, quelles sourdes menaces la société parisienne de ce début de 20e siècle est-elle prête à supporter ?

    Cette série en trois épisodes se revendique librement inspirée des romans de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Elle reprend les personnages et les images restées dans l'inconscient collectif en les réinterprétant, comme en témoigne la couverture qui montre la silhouette menaçante du bandit au couteau se profilant au-dessus des toits de Paris. Le trait tout-à-fait particulier de Julie Rocheleau et sa très grande maîtrise de la couleur offrent à cette réinterprétation de Fantômas un écrin à sa mesure. Un dessin qui penche vers l'abstraction et la caricature autant que vers l'épure, une science à toute épreuve du mouvement et des silhouettes et surtout un usage brillant de la couleur, entre ambiances fauves, tons francs et à-plats juxtaposés comme pour une sérigraphie mal ajustée, composent presque un recueil de tableaux, un petit musée à la gloire du méchant qu'on adore détester. C'est une collaboration parfaite, une très belle réussite à glisser dans le bacs dès le collège, au LP et au lycée !

Olivier Bocquet, Julie Rocheleau © DARGAUD, 2016


Références :
La colère de Fantômas, 1. Les Bois de justice / Olivier Bocquet, Julie Rocheleau. Dargaud, 2014. 978-2205-07019-4. 13,99 €.