Culottées : des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent / Pénélope Bagieu

Couverture de l'album
    Pénélope Bagieu est féministe, et ses Culottées ont déjà rencontré un grand succès critique et public. En témoigne la reconnaissance internationale de prestige que constitue le prix Eisner de la meilleure BD étrangère publiée aux Etats-Unis, reçu tout récemment. Si vous ne les avez pas encore invitées dans les bacs de vos CDI, il n’est pas trop tard ! Ce premier tome rassemble quinze femmes de toutes les époques, certaines très connues, comme Joséphine Baker, d’autres moins. Certaines ont changé la vie de leur peuple en devenant des femmes de pouvoir (Wu Zetian, seule femme à porter le titre d’Empereur dans l’histoire de la Chine), d’autres ont « juste » imposé une évolution vestimentaire (Annette Kellerman, à qui l’on doit le maillot de bain), mais toutes ont choisi de suivre leur propre chemin dans le monde, malgré les contraintes que les hommes voulaient leur imposer. L’une a reçu un prix Nobel de la Paix pour son action en faveur des femmes au Liberia (Leymah Gbowee), l’autre a été la première à oser transitionner alors qu’on l’avait assignée homme à la naissance (Christine Jorgensen). Toutes ont du faire des sacrifices pour suivre leur voie alors que la société les attendait à une autre place. Certaines l’ont payé de leur vie, mais aucune n’a renoncé.
    Les Culottées ne sont pas une bande dessinée à proprement parler, plutôt un roman graphique, avec beaucoup de texte et des croquis parlants (« la jeune femme et Jacob sont très amoureux, et la pilarisation ne les empêche pas d’avoir trois enfants » sur une case dans laquelle trône une paire de bottes, une paire de bottines et trois petites paires de chaussures). S’ajoute entre chaque récit une double page d’un dessin délicat aux belles couleurs qui résume l’histoire précédente. L’humour est une ligne continue, dans les dessins comme dans le texte, sous forme d’incises (« Trujillo est au pouvoir depuis son coup d’état en 1930. Despote cruel, il traque ses opposants grâce à une redoutable police secrète. Sale ambiance. ») Le féminisme est ici une évidence et une règle de vie : « seule la passion et la joie peuvent être honnêtes. Rien de ce qu’on m’a forcée à faire ne m’a jamais apporté de joie. Ni à moi, ni à ceux qui m’entourent », dit simplement Tove Jansson (la créatrice des Moumines). Ce genre de livres est indispensable dans les mains de nos élèves, dès le collège, jusqu’au lycée et au LP !




Références :
Culottées : des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent, 1 / Pénélope Bagieu. Gallimard, 2016. 19,50 €. 978-2-07-060138-7.