Calpurnia / Daphné Collignon, d’après le roman de Jacqueline Kelly

Calpurnia,
demoiselle de bonne famille pourvue de nombreux frères (six, tout de
même) et dotée du prénom de la quatrième épouse de Pline le Jeune ou de
la femme de Jules César, a les cheveux noirs et les yeux vifs. En cet
été 1899 épouvantablement chaud, même pour le Texas, elle a décidé de
devenir naturaliste. A vrai dire, ça n’est pas une de ces décisions
mûrement réfléchies, qui viennent de loin. Simplement, son frère
préféré, Harry, lui a offert un joli carnet pour qu’elle note ses
observations scientifiques, et puis elle aime profiter de la sieste, ce
moment d’inactivité forcé au coeur de la chaleur, pour courir la
campagne et observer les petites bêtes. Elle a remarqué, depuis qu’il
fait très chaud, qu’il y a moins de sauterelles vertes, et plus de
sauterelles jaunes, plus grosses. Comme personne ne se soucie de ce
fait étrange, et qu’aucun membre de sa famille ne cherche de réponse à
ce phénomène, elle se décide à aller déranger Bon-Papa, son grand-père,
dans son laboratoire. Mais cet homme intimidant lui fait une réponse
peu satisfaisante : « j’imagine qu’une jeune fille aussi
maligne que toi peut trouver la réponse toute seule. Reviens me voir
quand tu sauras. » Quelle déception ! Elle qui rêve de
trouver la renommée grâce à ses publications scientifiques sur une
nouvelle espèce de sauterelles...
Comme elle
n’est pas du genre à baisser les bras et que de toutes façons il n’y a
pas grand-chose d’autre à faire pendant ces vacances, elle poursuit ses
réflexions. Qui, bien ordonnées, la conduisent à la solution ! Il
n’y a pas une nouvelle espèce de sauterelles, c’est juste que les
jaunes vivent plus longtemps (et donc deviennent plus grosses) parce
que les oiseaux les voient moins bien sur l’herbe jaune. Ils ont donc
plus de mal à les manger ! En guise de félicitations, son
grand-père, toujours aussi impénétrable, offre à Calpurnia un trésor de
sa bibliothèque (un livre d’un certain Charles Darwin) ainsi que des
promenades d’observation dans la forêt. Il faut bien ça pour affronter
les prochains dangers de l’été : son frère chéri Harry amoureux
d’une dinde qui ne sait parler que de vêtements, trois de ses frères
rivaux pour les beaux yeux clairs de sa meilleure amie Lula…
L’agréable roman de Jacqueline Kelly est joliment mis en images et en
mots par Daphné Collignon, avec une alternance de planches et de
croquis annotés à la manière d’un carnet de bord. Dans des tons sépias
qui font parfois songer à un album de photos anciennes, elle rend aussi
bien les mimiques que les yeux grands ouverts sur le monde de son
héroïne. C’est là un joli livre à déposer dans les bacs des CDI de
collège.
Références :
Calpurnia / Daphné Collignon, d’après le roman de Jacqueline Kelly. Rue de Sèvres, 2018. 14,00 €. 978-2-36981-377-4.