Les beaux étés, 1. Cap au Sud ! 1973 / Zidrou, Jordi Lafebre

Couverture de l'album
    « Tu te souviens de nos vacances en Ardèche ? En quelle année était-ce encore ? En 74 ?
- Non, en 73 !
- Mais si, rappelle-toi : c’était l’année de « la maladie d’amour » de Sardou. On l’entendait partout !
- Comment c’était encore ?
« Elle court, elle court, la maladie d’amour, dans le cœur des enfants de sept à soixante-dix-sept ans... »
- Oui, c’est cela, c’était en 1973.
- 1973 ! Non mais, tu te rends compte ! »

En cette période de trêve estivale, voici une parenthèse de nostalgie qui annonce la couleur : « les beaux étés ». Nombreux sont ceux qui ont des souvenirs d’interminables voyages en voiture vers le soleil, de chamailleries à l’arrière, de pique-niques au bord de l’eau sur la route, quand on rêve à tout ce dont on va remplir ces vacances qui se profilent… Sans toujours percevoir ce que vivent les autres dans cette petite aventure collective.
Les vacances, Julie, Nicole, Paulette et Louis les ont bien méritées cette année ! Trois jours qu’ils patientent assis sur leurs valises que leur père, dessinateur de BD, ait terminé ses planches que l’éditeur attend de pied ferme avant son départ. Enfin, toute la famille embarque dans la 4L pour le rituel du départ : « Bon, les enfants, on va où ? A Oslo ? » « Non » «  A Berlin alors ? » « Non ! » « Euh… Stockholm ? Moscou ? Reykjavik ? » « Non! Non ! Et non ! » « Du soleil ! On veut du soleil ! » « Soit ! Cap au sud, alors ! »
Cette année ressemble à toutes les autres : voyage de nuit, arrêt pipi, marche arrière pour retourner chercher Tchouki, l’écureuil imaginaire géant qui sert de doudou à Louis, pause pique-nique au bord de l’eau, chansons entonnées en cœur pour oublier les kilomètres… Mais rien n’est tout à fait pareil : cette année, Liliane, la belle sœur, est gravement malade, et Mado, la maman, ne se retrouve plus dans la vie qu’elle mène, dans son couple. « La vérité, Pierre, c’est qu’on rêvait d’une vie au soleil et qu’on n’a eu droit seulement à de timides éclaircies. »
Et pourtant, le soleil des vacances, ces moments gaspillés ensemble, et les rêves qu’ils autorisent, ne sont-ils pas une promesse que rien n’est jamais perdu tant qu’on n’a pas baissé les bras ? Zidrou est un humaniste et un grand optimiste, qui tricote des histoires qui mettent la larme à l’œil et le soleil au cœur. Cet album ne fait pas exception, et même s’il plaira sans doute plus aux enseignants  dont beaucoup étaient enfants à l’époque de ces vacances-là, la tendresse, la vitalité et les joyeuses bouilles de la famille Faldérault devraient conquérir le cœur de beaucoup de lecteurs, dès le collège, au lycée et LP.




Références :
Les beaux étés, 1. Cap au Sud ! 1973 / Zidrou, Jordi Lafebre. Dargaud, 2016. 13.99 € . 978-2-5050-6198-4.