Bourbon Street, 2. Tournée d'adieux / Philippe Charlot, Alexis Chabert

Couverture de l'album
    Alvin est parvenu à rassembler tous les musiciens de son ancien jazz band, et sous l'ombre tutélaire – et bavarde – de Louis Armstrong, voilà les « Hit that Jive Jacks », autrement surnommés les « Papys du Jazz » sur les routes pour une tournée à la saveur particulière... Le rendez-vous avec le passé est garanti : dans un motel cajun par exemple, où la patronne a gardé de la nuit qu'elle a passé avec Alvin bien des années auparavant un souvenir bien vivant en la personne de son fils, un contrebassiste qui ressemble furieusement à son père ! Au cours d'une soirée mémorable au Trombone Inn Jazz Club, où le patron est vieil ami doté d'une aussi bonne oreille qu'il a une bonne descente...

    Les souvenirs que chacun remue au cours de cette tournée plutôt bancale, de salles à moitié vides en guinguettes pleines de brutes avinées, sont plus ou moins amers. Parmi les membres du groupe, Alvin et Cornelius marchent avec plus de réticences que les autres sur les chemins du passé. Car pour eux deux résonne la voix de leur chanteuse, Angelina, morte dans l'accident du bus qui les transportait, sur la route de Bâton Rouge. Cette vieille plaie n'est pas refermée, autant pour Alvin, qui aimait Angelina sans en être aimé en retour, que pour Cornelius, qui s'apprêtait à annoncer ses fiançailles avec la jeune femme, malgré toute les difficultés de la situation (elle, jeune femme blanche, lui, un nègre, dans le Vieux Sud raciste). Sur la route de Bâton Rouge, que reprend le groupe pour une ultime chance, un dernier concert enregistré en public, les vieilles rancœurs ressortent entre les deux amis si longtemps séparés. « Tu crois vraiment que c'est celui qui pleure qui a le plus de chagrin ? » Cette dernière tournée est une chance inespérée de sauver ce qui peut l'être, Alvin et Cornelius remontent sur scène pour un mémorable concert des compositions de ce dernier.
Satchmo, qui suit toujours de près le parcours de ces musiciens pas tout à fait ratés, se réserve le mot de la fin : « and I think to myslef... what a wonderful world ! »

    Ce deuxième tome se lit avec autant de plaisir que le premier. Cette histoire douce et cabossée autant qu'une vie d'homme ordinaire, vue par les yeux pleins de tendresse d'un revenant impertinent, est de celles qui font du bien. L'émotion apporte une profondeur au récit amusé de cette odyssée pas sérieuse, et on retrouve avec bonheur l'univers graphique fait de faux réalisme et de couleurs chaleureuses. Toujours pour les 4e-3e, en lycée et LP.




Références :
Bourbon Street, 2. Tournée d'adieux / Philippe Charlot, Alexis Chabert. Bamboo, 2012. (Grand Angle). 13.90 €. 978-2-8189-2146-3.