Batman, the dark prince charming / Marini, Enrico
Batman (ou
Bruce Wayne, bien entendu) aurait-il cédé aux plus vils instincts de
l’espèce humaine ? La presse à scandales fait ses choux gras d’une
information encore à vérifier : une ancienne serveuse de bar
réclame une pension alimentaire et des dommages et intérêts au
superhéros, qui a refusé la prise en charge d’Alina, une petite fille
au caractère bien trempé que sa mère prétend être la fille du héros
chauve-souris… Tout ça n’a pas l’air de perturber outre mesure Bruce
Wayne, pas plus que son majordome au flegme résistant. Cependant,
lorsque le Joker, qui a un furieux besoin de liquidités pour offrir à
Harley Quinn le gros diamant dont elle rêve, enlève la petite fille à
la suite d’un accident qui met la mère dans le coma, Batman est bien
obligé de réagir… Alina est en danger, et qu’elle soit sa fille ou pas,
il n’est pas question pour le superhéros de laisser méfaire son vieil
ennemi.
Le schéma est classique et respecte le
cahier des charge : courses-pousuites avec grosses machines,
bastons bien senties et hémoglobine qui jaillit, sans oublier quelques
bons mots (dialogue entre Batman et le commissaire : « une
vapoteuse ? Vous avez l’air ridicule. » « Dit le type
qui déambule en costume de chauve-souris ») Marini y ajoute son
trait efficace et sensuel (avec à mon avis un goût un peu romantique
pour la « perfection » physique), et un art de coloriste
efficace. Il assure, avec un rien de dérision, avoir été investi de
cette adaptation du mythe par Batman lui-même, qui ne lui aurait fixé
qu’une seule limite (pas de chaussettes blanches!) Il ajoute pourtant
un ingrédient qui donne un plus à cette adaptation : un art
consommé de la narration, qui nous embarque dans le polar et fait de
son Dark prince un album qui plaît aux jeunes (garçons le plus souvent,
il faut bien dire) et intéresse aussi les adultes. Les questions de
filiation, de responsabilité, de transmission sont en effet au coeur de
l’intrigue, et menées avec un grand talent de scénariste.
Un Batman pour tous publics donc, à déposer dans les bacs des CDI dès le collège, au LP et au lycée.
Références :
Batman, the dark prince charming / Marini, Enrico. Dargaud, DC Comics. (Urban Comics).
1- 2017. 15 €. 978-2-5050-7083-2.
2- 2018. 15 €. 978-2-5050-7138-9.