Basile et Melba, 1. Printemps / Mathilde Domecq.


Couverture de l'albumNos élèves raffolent des histoires de pestes et de garnements... avec Basile et Melba, ils sont servis ! En fait, surtout avec Melba, parce que Basile, avec un père qui passe son temps à l'autre bout du monde à vendre ses actions, une nounou asiatique, une villa avec piscine et une carte bleue illimitée, il tient plutôt de l'élève modèle. Du côté de Melba, par contre, on en a pour son argent : toutes les combines pour éviter de faire ses devoirs, pour faire ses courses sans payer ou imaginer les pires crasses contre les copains de classe, tout ce qui rend un petit héros de papier parfaitement antipathique aux yeux des adultes, et trop cool aux yeux des enfants, ça la connaît. Il faut dire que Mathilde Domecq n'hésite pas à pousser la caricature à fond. Autant Basile baigne dans le confort matériel et le désert affectif, autant Melba doit se débrouiller avec une famille Groseille sans espoir d'embellie. Les deux frères font figure de primates décérébrés, le père, vautré devant la télé, écluse les bières en espérant que le travail ne viendra pas le chercher jusque dans son canapé. Quand la mère rentre, toujours tard, il arrive que Melba ait dû s'occuper de tout : courses, cuisine... avec un résultat à la hauteur de nos espérances sous la forme d'un dîner composé de tartines de Nutella et de chips. Quand Basile se lève à l'aube pour repasser ses leçons, Melba traîne au lit jusqu'à la dernière minute, attrape dans la corbeille à linge sale des chaussettes dépareillées, engloutit un bol de céréales hypersucrées et rate la première heure de cours... La relation que Melba entretient avec Basile n'est pas lisse non plus. Elle évolue au cours de ce premier tome d'un partenariat intéressé (Basile fait les devoirs de Melba en échange de la bienveillance de ses deux frères dans la cour de récré) à une amitié problématique : Basile et Melba s'entraident pour approcher l'élu(e) de leur cœur, tandis que les frères de Melba s'entêtent à présenter Basile comme son amoureux... Une relation à l'image de l'héroïne et de ses contradictions : Melba force la porte de Basile, abuse de son hospitalité (et de sa carte bleue), s'emploie à le rendre moins ringard (coupe de cheveux sauvage et relooking compris), tout ça en se moquant de lui, mais on voit bien par là qu'il occupe une bonne part de ses pensées.

Le graphisme coloré et tonique inspiré de l'univers du jeu vidéo s'accompagne d'un découpage rythmé (parfois peut-être un peu difficile à suivre quand la page est partagée en deux comme en split screen pour dérouler les actions parallèles des deux héros). L'attrait principal d'une telle série réside dans les bêtises mises en scène. De ce point de vue, Basile et Melba tient ses promesses, tant à travers les relations entre les deux enfants que dans les vies pas tout-à-fait réalistes de chacun. Un album plaisant pour nos jeunes lecteurs, de l'école primaire au collège.



Références :
Basile et Melba, 1. Printemps  / Mathilde Domecq. Glénat, 2008. (Tchô ! La collec'). 9,95 €. 978-2-7234-6221-1.